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 Plus qu’un tournant, «un chambardement» (article du 20/10/2008)

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Danidan
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Danidan


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MessageSujet: Plus qu’un tournant, «un chambardement» (article du 20/10/2008)   Plus qu’un tournant, «un chambardement» (article du 20/10/2008) EmptyVen 24 Oct - 1:22

Articles paru dans Libération du 20 octobre 2008
http://www.liberation.fr/economie/0101163404-plus-qu-un-tournant-un-chambardement


Catherine Paradeise, sociologue et chercheuse.

Recueilli par Véronique Soulé.

La sociologue Catherine Paradeise, professeure à l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée et chercheuse au Laboratoire territoires techniques sociétés (Latts) et à l’Ifris (Institut francilien pour la recherche, l’innovation et la société), analyse les récentes évolutions des universités françaises dans le contexte européen.


On dit que le système français est très spécifique, est-ce vrai?


Tout le monde connaît sa double dualité: d’un côté, la recherche dévolue aux organismes de recherche et l’enseignement confié aux établissements. De l’autre, les grandes écoles très sélectives et les universités très largement ouvertes qui ont subi la massification. En réalité, la France n’est pas si particulière que cela. Il y a très peu de pays où au moins une partie de la recherche n’est pas distincte des universités. De même la séparation grandes écoles-universités a ses limites: nos facultés abritent des écoles de médecine, d’ingénieurs, etc. Tout comme les universités américaines, anglaises ou allemandes rassemblent toutes leurs «écoles» au sein de leurs universités. En fait, tous les pays sont spécifiques et les systèmes complexes.

En France, les lignes ont en outre beaucoup bougé. Depuis trente ans, la recherche s’est fortement développée à l’université et dans certaines grandes écoles. Aujourd’hui 90% des unités de recherches du CNRS sont mixtes. Elles sont, la plupart du temps, logées dans les universités et le personnel universitaire y est souvent devenu majoritaire.


Existe-t-il un modèle européen d’organisation universitaire ?

Non, il n’y a pas de modèle unique. On considère qu’il y en a trois: le modèle napoléonien d’abord - le nôtre - également en vigueur en Italie ou en Espagne, où les ordres viennent du sommet. L’université «humboldtienne» ensuite, qui est le modèle allemand avec une forte articulation enseignement-recherche et une autonomie des collèges. L’université britannique enfin, où les établissements sont totalement autonomes. Un peu partout, les universités ont connu les mêmes processus de transformation que nous depuis les années 1990. Les universités reçoivent désormais des budgets globaux - avant, l’Etat allouait des crédits pour acheter des trombones et pas autre chose. De plus en plus, elles fonctionnent sur des projets et les présidents gèrent les ressources humaines.


Le Plan campus vise à faire remonter la France dans les classements internationaux: ne prennent-ils pas trop d’importance ?

On peut discuter longuement de la méthodologie du classement de Shanghai. Mais tous disent la même chose: la plupart de nos universités sont hors champ. Dans le top ten, on retrouve un peu partout huit Américaines et deux Britanniques. Mais il ne faut pas oublier que les universités ne sont pas seulement faites pour produire de l’excellence scientifique. Il faut donc d’autres outils pour mesurer leur contribution à la formation des jeunes, à l’animation de l’économie locale, etc.


D’autres pays européens ont-ils eu des Plans campus ?

L’Allemagne a lancé une opération, l’Exzellenzinitiative. Elle a sélectionné neuf universités leaders qu’elle a largement abondées. En France, on a préféré sélectionner parmi les consortiums qu’on a pu créer grâce à la loi sur la recherche de 2006, des ensembles d’universités, d’écoles, d’instituts…


Les dix projets seront-ils les pôles d’excellence de demain ?

Ce sont des paris, dont certains risqués. Tous les pays cherchent à avoir des universités d’excellence. Une aspiration que chacun décline en fonction de son histoire. Certains ont beaucoup de difficultés, d’autres moins. Certains choisissent la diversification et la spécialisation des universités par missions et disciplines; d’autres des mixtes qui associent à des doses variées la recherche de la performance scientifique, la formation professionnelle, la formation de proximité, etc. Ce pourrait être le cas en France.


Nous sommes à un tournant…

C’est même un chambardement dont l’issue dépendra du monde universitaire lui-même.
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Plus qu’un tournant, «un chambardement» (article du 20/10/2008)
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