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 Plan campus : le grand chantier. (article du 20/10/2008)

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Danidan
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Danidan


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Plan campus : le grand chantier. (article du 20/10/2008) Empty
MessageSujet: Plan campus : le grand chantier. (article du 20/10/2008)   Plan campus : le grand chantier. (article du 20/10/2008) EmptyVen 24 Oct - 1:02

Article paru dans Libération du 20 octobre 2008
http://www.liberation.fr/economie/0101163403-plan-campus-le-grand-chantier



Un vaste programme, doté de 3,9 milliards d’euros, prévoit l’émergence de pôles universitaires d’excellence à l’échelle internationale. Retour sur un «concours» qui a fait dix heureux et beaucoup de déçus.

Véronique Soulé

«Le 12 juillet, au lendemain de l’annonce des lauréats par la ministre, on avait prévu de se réunir tous, soit pour pleurer soit pour sabler le champagne.» Ce fut la deuxième hypothèse. Jean-Loup Salzmann, président de l’université Paris XIII-Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, est en effet l’un des heureux élus de l’Opération campus qui vise à créer dix grands pôles universitaires en France. Avec cinq autres établissements - des universités et des grandes écoles -, il a défendu le «projet Condorcet», un campus d’excellence en sciences humaines et sociales qui devrait voir le jour à Aubervilliers. «Pour nous, en Seine-Saint-Denis, c’est une formidable opportunité d’inverser notre image, se félicite Jean-Loup Salzmann, cette fois on parle de nous en termes d’excellence.»

Le paysage universitaire français, fragmenté et souvent illisible pour l’étranger, est ainsi en pleine transformation. Conformément à la très controversée LRU [la Loi sur la responsabilité des universités, votée en août 2007 après une vague de manifestations, ndlr], vingt universités vont devenir autonomes au 1er janvier prochain. Les autres suivront et toutes le seront d’ici trois ans. Depuis plusieurs années, elles sont par ailleurs encouragées à unir leurs forces dans le domaine de la recherche et à créer des alliances aux initiales hermétiques - comme les Pres (Pôles de recherche et d’enseignement supérieur), les RTRA (Réseaux thématiques de recherche avancée), etc. Avec ces dix grands pôles censés abriter le gratin de la recherche, l’Opération campus accélère encore la recomposition en cours.

La facture d’EDF. Au départ il s’agit d’une idée de Nicolas Sarkozy. Le Président, dépité de voir les universités françaises à la traîne dans les classements internationaux, veut leur donner les moyens de briller et de rivaliser avec les plus grandes. Il promet donc 5 milliards d’euros provenant de la vente d’actions d’EDF pour rénover ou pour construire de vastes campus - avec des installations dernier cri pour les chercheurs, des bibliothèques, des salles de conférences, des logements pour les étudiants et les invités étrangers, etc. A ce jour, 3,9 milliards d’euros ont été tirés de la privatisation de 2,67 % du capital d’EDF. Ils ont été placés sur des comptes, selon une logique chère au gouvernement : le privé se chargera des opérations immobilières et grâce à ces intérêts, l’Etat lui versera un loyer.

Dès le début, le plan est critiqué. En désignant des pôles d’excellence, il entérine une hiérarchie qui existe déjà, de fait, entre les très grandes universités, dotées d’une puissante recherche et de nombreux laboratoires, et les autres, modestes et imbriquées dans le tissu local. Les opposants redoutent donc que l’on consacre ainsi l’existence d’«universités de second rang», condamnées à vivoter, alors que les plus grandes bénéficieraient de l’essentiel des financements, afin d’acquérir davantage de visibilité internationale et de s’imposer dans le top ten du classement de Shanghai - la référence en la matière…

Les universités se laissent pourtant prendre au jeu. Elles se regroupent au niveau local - entre Montpellier I, II et III par exemple - et cherchent des alliances pour atteindre «la taille critique» requise. Finalement les dossiers affluent sur le bureau de Valérie Pécresse. Les facultés françaises sont pauvres - le coût d’un étudiant français est inférieur à la moyenne de l’OCDE - et tout fonds supplémentaires est bon à prendre. D’autant que les présidents d’université, qui vont devoir se transformer en managers, espèrent que le «label Campus» va profiter à l’image de leur établissement.

Le 28 mai, le ministère fait une première sélection : sur les 46 notes d’intention, 6 projets sont retenus - ceux de Bordeaux, Toulouse, Lyon, Montpellier, Strasbourg et Grenoble. Certains mettent l’accent sur l’ambition scientifique, d’autres sur la vie de campus. On a apparemment voulu privilégier les métropoles régionales. Les six projets impliquent au total 19 universités et 17 écoles et organismes de recherche, ainsi que 340 000 étudiants. Les quatre autres gagnants doivent être désignés le 11 juillet. Mais il n’y en aura finalement que trois : le projet Condorcet (Paris XIII-Villetaneuse), celui du plateau de Saclay, au sud de Paris, et celui d’Aix-Marseille. Le quatrième reste en suspens : il concernera Paris intra-muros mais la ministre demande qu’il soit amélioré.

Le projet de Saclay, soutenu par Nicolas Sarkozy, était l’un des plus attendus. Evalué à 1,2 milliard d’euros, il est aussi le plus impressionnant. Il est présenté par vingt et un établissements, la plupart très prestigieux - l’université Paris XI, l’une des toutes premières scientifiques en France, Polytechnique, Centrale, les Mines, l’Ensae, HEC, l’ENS Cachan, etc. - et entend devenir une référence européenne, notamment en mathématiques, sciences physiques, etc. Mais certains rappellent que, du rêve à la réalité, il y a un pas : «Il y a ici tant d’egos à surmonter que ce n’est pas gagné d’avance.»

Recalé. C’est que rien n’est simple dans ce monde feutré de l’Université où, derrière les sourires, chacun joue sa partie. A Paris par exemple, c’est la guerre. Les deux grandes alliances qui se sont constituées - «Paris Universitas» autour de Paris II, III, IV et VI, et «Paris Centre», avec Paris I, V et VII - ont chacune déposé un projet. Mais jugés redondants, les deux ont été recalés. La ministre en veut un commun. Ce qui est fait. Mais mal, d’après Valérie Pécresse : «Paris a un potentiel scientifique extraordinaire, mais la situation immobilière est inextricable. Parfois trois universités sont sur un même site.» Résultat : le 11 juillet, elle a redemandé aux universités parisiennes un vrai beau projet de campus «du Quartier latin du XXIe siècle», en lui promettant la dixième place.

Pour Gilbert Béréziat, de Paris Universitas, il y a beaucoup d’hypocrisie dans tout cela : «La ministre a commandé un audit sur l’immobilier universitaire parisien. Elle attend les résultats pour trancher sur le projet de campus. Derrière tout cela, il y a la volonté non avouée de l’Etat de récupérer des bâtiments dans Paris à l’occasion de cette opération et de vendre les joyaux de la couronne.» La politique ne serait pas loin non plus : la Mairie, dirigée par le socialiste Bertrand Delanoë, s’est beaucoup engagée aux côtés des universités parisiennes.

Le projet Condorcet, lui, est certainement l’un des grands gagnants. Avec Paris XIII, on trouve l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), l’EPHE (Ecole pratique des hautes études), l’Ecole des Chartes, Paris I-Panthéon Sorbonne et Paris-VIII Saint-Denis-Vincennes. D’autres les ont rejoints, comme l’Ecole d’économie de Paris, le CNRS, l’Ined (Institut national d’études démographique), le Cnam, etc. Il avait les faveurs de la ministre qui souhaitait voir émerger un pôle de sciences humaines et sociales, et qui devait aussi reloger l’EHESS chassée de ses locaux pour désamiantage. Mais il ne partait pas vraiment favori. Il a fallu surmonter bien des réticences pour convaincre les chercheurs de «s’exiler» à la périphérie de Paris. De plus, il faudra tout construire, trouver les terrains, aménager les bâtiments, s’assurer de transports viables, etc. Le campus s’étendra sur deux sites : à Aubervilliers - sur 100 000 m2 - et à la Porte de la Chapelle, côté Paris - sur 22 000 m2. Il devrait accueillir quelque 2 000 enseignants-chercheurs et chercheurs, et 6 500 étudiants de master et doctorants. Une bibliothèque de 10 000 m2 est également prévue.

Accrochages. Jean-Loup Salzmann enchaîne les réunions car il faut encore soulever des montagnes. «Nous sommes six, en général d’accord, mais cela prend du temps, raconte-t-il. Nous allons être de nouveau auditionnés en février au ministère. C’est alors que la somme globale promise sera répartie entre les dix projets. Pour nous la priorité est de régler le foncier, avec les mairies de Paris et d’Aubervilliers, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis.» Là encore, cela ne va pas sans grincements de dents. Le départ de l’Ecole d’économie de Paris à Aubervilliers n’a pas fait plaisir à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm qui l’accueillait jusqu’à présent. Pierre-Yves Hénin, le président de Paris I, a prévu de rendre une dizaine des vingt-cinq sites qu’il occupe et il s’en félicite : «Paris I est l’université la plus mal logée de France avec 2,1 m2 par étudiant contre 9,7 au niveau national.» Mais pas question pour autant d’abandonner ses locaux de la Sorbonne, déjà convoités par d’autres…

Enfin, des résistances demeurent dans le monde universitaire, surtout côté étudiant. «Le gouvernement accentue un peu plus les inégalités, s’inquiète l’Unef, au risque de reléguer durablement au second plan les petites universités qui jouent un rôle essentiel dans la démocratisation de l’enseignement supérieur.» Le premier syndicat étudiant regrette aussi qu’au lieu de répondre «aux besoins de rénovation urgents» de nombreuses universités, le Plan campus soit «une prime à des regroupements» pas toujours cohérents.

Avec la crise, des inquiétudes se sont fait jour sur le financement. Des déclarations ont fait craindre que l’Etat veuille utiliser une partie des recettes de privatisation d’EDF, destinées au plan Campus, pour renflouer la banque Dexia. Ce qui a été démenti. Et comment être sûr que les 3,9 milliards placés n’aient pas été rognés dans la bourrasque financière ? «C’est un engagement majeur du chef de l’Etat, a rappelé l’Elysée, le financement sera assuré au centime près.»
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