Les universités françaises en retard dans le classement de Shanghai (02/11/2009)

Dépêche publiée sur le blog INSERM
http://blogs.inserm.fr/synthesedepresse/2009/11/lundi-2-novembre-2009.html

Les universités françaises en retard dans le classement de Shanghai

Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d'université, vient de déclarer à propos de la publication du nouveau classement de Shanghai : "on peut se réjouir que certaines universités françaises se maintiennent, voire progressent, mais, dans l'ensemble, il n'y a pas de grands changements". Trois universités figurent dans les 100 premières de ce classement. Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris-VI) passe de la 42e à la 40e place. L'université Paris-Sud est 43e, et l'ENS Paris 70e.. En mathématiques, 9 universités françaises se classent parmi les 100 premières.

Echos [Les] , 02/11/2009

Article publié dans Les Echos
http://www.lesechos.fr/journal20091102/lec1_france/020197793343-universites-le-classement-de-shanghai-confirme-le-retard-francais.htm

Universités : le classement de Shanghai confirme le retard français

Trois universités françaises se positionnent dans les 100 premières places, et 23 dans les 500 premières. Malgré la bonne tenue de la filière mathématique, le classement pointe une nouvelle fois notre retard.

C'est un rituel devenu immuable, mais toujours aussi redouté par la communauté universitaire. Le classement de Shanghai, qui évalue les performances des meilleurs établissements d'enseignement supérieur, vient d'être dévoilé par l'université Jia Tong. Comme en 2008, seules 3 universités françaises se classent dans les 100 premières : l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris-VI) qui passe de la 42e à la 40e place, l'université Paris-Sud (43e), et l'ENS Paris (70e). La France se place ainsi au sixième rang - contre septième l'année dernière -, derrière les établissements américains (55 établissements dans les 100 premiers), britanniques (11), japonais (5), allemands (5), et canadiens (4). « On peut se réjouir que certaines universités françaises se maintiennent, voire progressent, mais, dans l'ensemble, il n'y a pas de grands changements »,note Lionel Collet, président de
la Conférence des présidents d'université.

Quelques bonnes surprises émergent toutefois : pour la première année, le classement a intégré des « rankings » par disciplines. Surprise, les universités françaises apparaissent particulièrement performantes en mathématiques, avec 9 facs parmi les 100 premières. Paris-Sud se positionne notamment en sixième position, et l'UPMC en septième. A l'inverse, en économie-gestion, l'Insead et Toulouse-I sont les seuls établissements à s'insérer parmi les 100 premiers, loin derrière, là encore, les Etats-Unis, qui en comptent 68…

Critères discutés

Au final, les établissements hexagonaux restent donc à la traîne par rapport à leurs homologues anglo-saxons. La faute, selon les universitaires, à un système de classement qui défavorise les spécificités de l'enseignement supérieur français. Le palmarès de Shanghai donne ainsi la priorité à la présence de prix Nobel et de médailles Fields, qui comptent pour 30 % de l'évaluation globale. « Par ce critère, les petites universités et les établissements les plus récents sont sévèrement handicapés »explique Lionel Collet. De même, le classement juge quasi exclusivement des politiques de recherche, sans tenir compte des contenus des formations, de l'insertion et de la réussite professionnelles des diplômés, ou des conditions de la vie étudiante. De quoi amoindrir le poids des facs de sciences humaines ainsi que des grandes écoles. Enfin, il ne tient compte que de la recherche effectuée au sein des universités, excluant ainsi les publications effectuées par les
organismes de recherche (CNRS, Inserm…), qui sont pourtant
essentielles en France.

Pas question pourtant d'ignorer ce classement, tant il s'est aujourd'hui imposé dans le paysage universitaire. « On commence à voir des universités, qui, avant de s'engager dans des contrats de partenariats avec d'autres établissements, regardent le classement. De même pour les enseignants-chercheurs ou les étudiants, qui s'y réfèrent de plus en plus avant d'effectuer leur mobilité. Malgré ses défauts, on ne peut pas en faire abstraction »,souligne Lionel Collet. Pour améliorer leur rang, les universités disposent de nouvelles marges de manoeuvre : depuis la loi sur l'autonomie de 2007, les présidents sont désormais maîtres de leur masse salariale, et peuvent davantage attirer les enseignants les plus reconnus et améliorer ainsi leur taux de publications scientifiques (40 % de la notation). Le ministère en profite lui pour promouvoir le rapprochement des universités entre elles, soit via des fusions, soit via des regroupements au niveau local par la mise en place de pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES). Mais tout cela prendra du temps.



MAXIME AMIOT, Les Echos

Article publié dans le Figaro Magazine
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/11/07/01006-20091107ARTFIG00126--une-epee-chinoise-dans-les-reins-.php

Une épée chinoise dans les reins

Les Français auraient-ils fait bouger leurs universités sans le classement de Shanghaï ? Depuis six ans, l'université Jiao Tong publie le palmarès mondial des 500 meilleures universités. Ses critères mêlent prix Nobel, médaillés Fields, chercheurs les plus cités et articles scientifiques publiés. Les Chinois voulaient savoir où ils se situaient. Eux ne redoutent pas les classements - on l'a vu aux Jeux olympiques -, ils estiment que c'est le meilleur moyen de progresser. Ils ne figurent pas encore dans le top 100 - publié le 31 octobre. Les Américains y prennent 55 places, dont les 3 premières (Harvard, Stanford, Berkeley), mais c'est une université anglaise, Cambridge, qui est 4e, les Britanniques occupant 11 places, les Allemands, 6, les Japonais, 5 et les Canadiens, 4. Les Français en ont 3 : au 40e rang, Paris-VI (Pierre-et-Marie-Curie), au 43e, Orsay, et au 70e, Normale sup. Laquelle, malgré 15 places gagnées en cinq ans, est battue par l'université hébraïque de Jérusalem.

Naturellement, tout classement appelle la critique sur ses critères. Les Français n'y ont pas manqué, en maniaques de l'égalitarisme - à l'exception du sport, où la sélection et les récompenses sont les bienvenues. Il est vrai que ce classement privilégie les publications et la recherche en anglais. Mais quelle est notre place en prix Nobel ? Symbolique. Notre part dans les brevets ? Trop faible. Un laboratoire de recherches sur deux ne trouve rien. Au moins le palmarès de Shanghaï aura-t-il révélé les faiblesses de notre enseignement supérieur et de notre recherche : dispersion, gaspillage, paralysie.

Les universités ont été depuis deux siècles sacrifiées aux grandes écoles, qui pratiquent, elles, la sélection à l'entrée et les droits d'inscription élevés. La recherche est concentrée dans de grands organismes (CNRS, CEA, Inserm, Pasteur, etc.) plutôt que dans les laboratoires universitaires. Les enseignants du second degré étant plus nombreux que ceux du supérieur, «on a sous-investi dans le supérieur et surinvesti dans le secondaire», dit l'économiste Elie Cohen. Du coup, sans pouvoir choisir leurs étudiants ni recruter les meilleurs professeurs, les universités ont vu partir ailleurs l'élite estudiantine.

Les 85 universités françaises sauront-elles se rassembler en une quinzaine de « pôles » capables de résister à la compétition ? Le chef de l'Etat a en tout cas décidé de « mettre le paquet » : entre le plan campus et le plan de relance, cela fait déjà 8 milliards d'euros. Sans compter le grand emprunt. On peut remercier les Chinois.


François d'Orcival