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 Les pôles de compétitivité français se cherchent (23/11/2008)

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Danidan
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MessageSujet: Les pôles de compétitivité français se cherchent (23/11/2008)   Les pôles de compétitivité français se cherchent (23/11/2008) EmptyLun 24 Nov - 22:14

Article paru dans La Croix
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2356864&rubId=4079


Les pôles de compétitivité français se cherchent

Trois ans après ses débuts, ce dispositif associant entreprises, laboratoires et universités d’une même région n’a pas encore fait ses preuves ; ce sont les pôles les plus anciens qui s’en sortent le mieux

Ce devait être l’arme idéale contre les délocalisations, un atout clé dans la politique économique et industrielle de l’État. En juillet 2005, lorsqu’elle est présentée par le gouvernement de Dominique de Villepin, la politique des pôles de compétitivité a de quoi séduire : il s’agissait, ni plus ni moins, de bâtir des « Silicon Valley » aux quatre coins du territoire, en favorisant les coopérations entre entreprises, laboratoires de recherche et universités d’une même région.

Pour financer la mise en place des structures administratives et surtout les projets de recherche et développement, une enveloppe globale de 1,5 milliard d’euros sur trois ans avait été débloquée. Selon ses promoteurs, cette politique devait faire émerger une multitude de petites entreprises innovantes, les championnes de demain. Bref, ce qui avait si bien marché en Californie autour de l’informatique devait aussi fonctionner en France. Trois ans et demi plus tard, le bilan est mitigé.

D’abord, aucun pôle ni aucun ministère ne se risque à chiffrer précisément les retombées du dispositif en termes de créations d’emplois ou d’entreprises. « Il faut attendre quelques années avant de pouvoir faire ce travail, reconnaît Thierry Weil, professeur d’économie à Mines Paris Tech et membre de l’Observatoire des pôles de compétitivité . La feuille de route de départ était ambitieuse, puisqu’il s’agissait à la fois de lutter contre les délocalisations, de créer des emplois, de rapprocher les recherches privées et publiques et d’aider certaines zones en difficulté… Il est évident qu’on ne remplit pas ce genre d’objectifs en trois ans. »

Sur les 71 existants, 13 n’ont pas atteint les objectifs

Fin septembre, François Fillon a pourtant annoncé la reconduction du dispositif pour trois années supplémentaires (période 2009-2011) et la dotation d’un budget identique (1,5 milliard d’euros). Il avait auparavant pris soin de commander une mission d’évaluation à deux cabinets de conseil indépendants. Même s’ils s’expriment en termes diplomatiques, les auteurs du rapport ont pointé un certain nombre de carences. « Le dispositif national est suffisamment prometteur pour être maintenu dans ses grands principes », indiquent-ils, tout en précisant qu’on « ne peut (en) attendre la solution exclusive aux enjeux de compétitivité internationale auxquels le tissu industriel français est confronté».

Ils sont plus clairs encore lorsqu’il s’agit d’évaluer dans le détail, un à un, l’ensemble des pôles de compétitivité : sur les 71 existants, 13 n’ont pas atteint les objectifs et doivent tirer profit « d’une reconfiguration en profondeur ». Pourtant, au lieu de retirer le label à ces « mauvais élèves » comme cela a été un moment envisagé, le gouvernement a décidé de leur laisser du temps et de procéder à une nouvelle évaluation fin 2009.

Pour justifier leurs faiblesses, la plupart des pôles pointés du doigt mettent en avant leurs spécificités ou une certaine lenteur de mise en route. « Il est vrai que nos PME ne sont pas assez dynamiques et que nous n’avons pas présenté beaucoup de projets de recherche et développement à l’État, reconnaît Gérard Chrysostome, directeur général du Pôle nucléaire Bourgogne qui fait partie des 13 territoires sur la sellette. Mais n’oublions pas que, pendant quinze ans, la filière nucléaire a tourné au ralenti, puisqu’il n’y a eu aucune construction de centrales. Le pôle a été créé fin 2005 et il faut nous donner du temps. »

Principale critique : le nombre – jugé excessif – de pôles labellisés par l’État

Même constat chez Végépolys, un pôle spécialisé dans la recherche agronomique, implanté à Angers, que les auditeurs ont jugé trop peu tourné vers l’international. « Nous avons mis du temps à démarrer, mais des progrès concrets ont été accomplis, se défend la chargée de communication de Végépolys, Emmanuelle Rousseau. Nous avons par exemple construit un centre d’innovation qui emploie quatre chercheurs. Des projets de recherche y sont menés en commun par des membres du pôle, notamment les PME. »

Ces éléments ne suffiront pas à calmer la principale critique adressée au dispositif depuis sa mise en place : le nombre – jugé excessif – de pôles labellisés par l’État. Quoi de commun, en effet, entre les géants mondiaux que sont System@tic en Île-de-France, Minalogic à Grenoble ou Aerospace Valley à Toulouse, et le pôle Parfums, arômes, senteurs de Grasse ou InnoViandes, implanté à Clermont-Ferrand ?

« Les 71 territoires identifiés ne constituent pas tous de réels pôles de compétences, analyse Thierry Mayer, professeur d’économie à la Sorbonne. Il suffit de regarder une carte pour comprendre que ce dispositif répond davantage à une logique d’aménagement du territoire qu’à une vraie politique économique. C’est toute l’ambiguïté du concept qui prétend doper la compétitivité des entreprises tout en s’efforçant de ne pas privilégier tel ou tel territoire. »

Les pôles les plus efficaces sont encore ceux qui existaient avant 2005

Avec d’autres chercheurs, Thierry Mayer a mené ces derniers mois une série d’études sur les pôles de compétitivité. Dans un ouvrage paru au début de l’année (1), ils affirment que, loin d’être un antidote aux faiblesses des entreprises françaises, les pôles pouvaient être nuisibles dans certains cas. « Les gains que l’on peut attendre du regroupement d’acteurs d’un même secteur autour de pôles existent mais sont modestes : quelques points de productivité dans le meilleur des cas, explique le chercheur. À l’inverse, une plus grande dispersion permet de bénéficier de salaires et de loyers plus faibles, par exemple. Pour caricaturer, si l’on regroupait toute l’aéronautique française à Toulouse, ce serait une catastrophe. »

En outre, ces chercheurs estiment que les entreprises et les laboratoires qui ont intérêt à se regrouper le font naturellement et depuis longtemps. C’est ce qui s’est produit dans la région grenobloise pour les nanotechnologies ou sur le plateau de Saclay pour les technologies de l’information. Voilà qui explique pourquoi les pôles les plus efficaces, trois ans après le lancement du dispositif, sont encore ceux qui existaient bien avant 2005. Même s’ils ne le disent pas, les services de l’État le savent : ils ont alloué 55 % de leurs financements aux 10 plus grands pôles.


Séverin HUSSON


(1) Gilles Duranton, Philippe Martin, Thierry Mayer et Florian Mayneris, auteurs des Pôles de compétitivité. Que peut-on en attendre ? paru aux Éditions Rue d’Ulm.
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MessageSujet: Un point sur les pôles de compétitivité (24/11/2008)   Les pôles de compétitivité français se cherchent (23/11/2008) EmptyLun 24 Nov - 22:15

Blog INSERM
http://blogs.inserm.fr/synthesedepresse/2008/11/lundi-24-novembre-2008.html


Un point sur les pôles de compétitivité

La Croix estime que le bilan des pôles de compétitivité, qui ont été lancés en juillet 2005, est "mitigé". Mais Thierry Weill, professeur d'économie à Mines Paris Tech et membre de l'Observatoire des pôles de compétitivité, tempère : "la feuille de route de départ était ambitieuse, puisqu'il s'agissait à la fois de lutter contre les délocalisations, de créer des emplois, de rapprocher les recherches privées et publiques et d'aider certaines zones en difficulté (...) il est évident qu'on ne remplit pas ce genre d'objectifs en trois ans." Par ailleurs, cités par Le Figaro, des auteurs du Centre d'analyse stratégique considèrent que "les pôles commencent à jouer un rôle significatif dans la reconfiguration géographique" de l'enseignement supérieur. Selon eux, "les plus concernés" des établissements universitaires "réorganisent des pans entiers de leur enseignement" autour des pôles. Le dispositif a été reconduit pour trois ans, avec un budget identique (1,5 milliard d'euros).
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