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 Recherche : « La science n'a pas à être rentable » (05/02/2009)

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Danidan
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Danidan


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MessageSujet: Recherche : « La science n'a pas à être rentable » (05/02/2009)   Recherche : « La science n'a pas à être rentable » (05/02/2009) EmptyLun 1 Juin - 1:25

Article paru sur le site de Rue89
http://www.rue89.com/2009/02/05/recherche-la-science-na-pas-a-etre-rentable


Recherche : « La science n'a pas à être rentable »
Par Tom Roud.

Tom Roud est un de nos internautes, expatrié à New York, où il termine un « post-doc » après une thèse consacrée à l'interface physique-biologie. Il nous a proposé ce texte sur l'envers du décor de ce « modèle américain » cher à Nicolas Sarkozy.

En France, où les deux discours présidentiels du 18 janvier 2007 et du 22 janvier 2009 ont hérissé la communauté scientifique, la mobilisation se poursuit, avec une journée de manifestations ce jeudi et des facs qui maintiennent le blocus.


Nicolas Sarkozy a réaffirmé le 22 janvier sa vision de la recherche (http://www.elysee.fr/documents/index.php?mode=cview&press_id=2259&cat_id=7&lang=fr), souhaitant en bref se rapprocher d'un mode de financement à l'américaine. Mais comment ce financement a-t-il évolué, et quel fut son impact réel sur la science ? Geoffrey W Smith a donné ses réponses lors d'une conférence à l'université Rockefeller à New York en décembre dernier.

1945-1980 : La République des sciences

Après la Seconde Guerre mondiale, les progrès scientifiques s'accélèrent. L'agenda scientifique US de l'époque est résumé par Vannevar Bush, conseiller scientifique de Roosevelt, dans un texte intitulé « Science, the endless frontier » :

« Les découvertes entraînant les progrès médicaux ont souvent pour origine des domaines obscurs ou inattendus, et il est certain qu'il en sera de même à l'avenir. Il est très probable que les progrès dans le traitement des maladies (…) seront le résultat d'avancées fondamentales dans des sujets sans rapport avec ces maladies, et peut-être même d'une façon totalement inattendue pour le chercheur spécialiste. »

Bush préconise le financement de tous les domaines de la recherche fondamentale. Les investissements publics sont donc massifs : pendant toute cette période, la croissance absolue par an des investissements publics dépasse celle des investissements privés dans la recherche biomédicale.

Smith baptise cette période la République des sciences, du nom d'un article de Michael Polanyi, « The Republic of Science », dans laquelle nombre de scientifiques français se reconnaîtront à n'en pas douter…

1980 : La naissance de l'Empire


Tout change en 1980 à la suite de l'élection de Reagan. L'administration américaine estime que la recherche est trop tournée vers le fondamental et coûte trop d'argent public.

Le gouvernement met alors en place un agenda de privatisation de la recherche. L'un des exemples en est le Bayh-Dole Act en 1980 qui donne aux universités et aux petites entreprises le droit de déposer en leur nom propre des brevets pour des recherches faites avec des fonds publics.

En parallèle, la jurisprudence sur la propriété intellectuelle évolue, notamment après le cas Diamond vs Chakrabarty, autorisant le brevetage du vivant.

Ces différents changements amènent à l'émergence de ce que Smith a appelé le régime de la technologie, avec la domination des sciences appliquées, plus rentables.

L'impact de cette série de textes a été incroyable : en 20 ans, le nombre annuel de brevets a été multiplié par dix, plus de 4 000 entreprises de biotechnologies voient le jour, pour la première fois, les dépenses de R&D d'origine privées grimpent plus vite que les dépenses d'origine publique…

2008 : Le complexe académico-financier

Aujourd'hui, c'est l'empire de la technologie qui domine la recherche scientifique. Un empire qui marche sur la tête.

Pour faire simple, les entreprises font dorénavant leur recherche et développement dans les universités, elles-mêmes financées essentiellement par les fonds publics. On en est au point où les entreprises envoient des employés chapeauter les recherches à l'université.

Les fonds publics sont aujourd'hui en priorité alloués à des recherches appliquées. Mais ce système n'a pas de sens économiquement. Smith donne comme exemple la recherche sur les cellules souches : lorsque Bush a coupé les vivres, de nombreuses compagnies privées se sont substituées à l'état pour financer ces recherches juteuses. Pourquoi alors financer des labos qui trouveraient de toute façon de l'argent dans le privé ?

En parallèle, les problèmes se multiplient : Nature a par exemple publié en 2005 une enquête sur la fraude scientifique, dans laquelle on apprend notamment que 16% des scientifiques interrogés ont déjà changé les méthodologies ou les résultats de leur recherche sous la pression de leur pourvoyeur de fonds.

Mais les chiffres sont là, le système est efficace, non ? En réalité, Smith pense que les entreprises ont surtout prospéré sur des découvertes fondamentales anciennes ; les applications prennent du temps… Pensez que Vannevar Bush dont je parle plus haut est considéré comme un père de l'hypertexte, à la base d'internet !

Pour Smith, la science n'est pas la technologie. Le gouvernement doit se contenter de financer les recherches non rentables (fondamental public) ; les recherches rentables doivent être financées par le libre marché et les entreprises (technologie, applications privées). La science est, économiquement, un bien public qui n'a pas à être rentable.
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