Enseignants-chercheurs : le lapsus de Valérie Pécresse
LEMONDE.FR | 09.02.09 | 19h42 • Mis à jour le 10.02.09 | 09h28
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/02/09/enseignants-chercheurs-le-lapsus-de-valerie-pecresse_1153077_3224.htmlLe doute aura subsisté quelques instants. Lundi 9 février en fin d'après-midi, la ministre de l'enseignement supérieur Valérie Pécresse indique sur France Info que le très controversé décret sur les enseignants-chercheurs entrera en vigueur "à la rentrée 2010". La déclaration est immédiatement interprétée comme un recul du gouvernement, puisque l'entrée en vigueur de ce décret était prévue pour septembre 2009.
Quelques minutes plus tard, Mme Pécresse adresse un rectificatif à l'AFP : l'évocation de 2010 était une erreur de sa part et le décret entrera bien en vigueur en 2009, comme prévu. Dans le dur conflit qui l'oppose au monde universitaire, ce lapsus devrait rajouter un peu plus de tension.
Sur le fond du dossier, la ministre a promis que le texte, dont une mouture a déjà été transmise au Conseil d'Etat, "va être encore retravaillé". "Ce sera la mission de Claire Bazy-Malaurie", actuellement chargée du suivi de la loi sur l'autonomie des universités et nommée lundi médiatrice. Sa mission consistera à "retravailler le décret avec l'ensemble de la communauté universitaire, pour lever tous les malentendus qui s'expriment" et "aussi les préoccupations, discipline par discipline", a expliqué Mme Pécresse sur France Info.
JOURNÉE DE MOBILISATION MARDI
La modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs, au cœur du conflit, suscite un mécontentement croissant chez nombre d'entre eux, qui craignent l'arbitraire des présidents d'université, une hausse des heures d'enseignement et une atteinte à leur indépendance.
La nomination de la médiatrice intervient à la veille d'une manifestation nationale à laquelle appellent une large intersyndicale – FSU, CFDT, FO, Solidaires, Sauvons la recherche, Sauvons l'université, l'UNEF, la Coordination nationale des universités, mais aussi l'UNSA-Education, AutonomeSup ou encore les étudiants de la FAGE, ainsi que les lycéens de l'UNL.
La FSU a dit s'attendre pour mardi à une "mobilisation supérieure" à 50 000 manifestants, soit plus que lors des manifestations du 5 février. Alors que la manifestation devait initialement se dérouler uniquement à Paris, des cortèges sont aussi prévus à Aix-en-Provence, Avignon, Bordeaux, Marseille, Montpellier, Toulouse ou Strasbourg.
Par ailleurs, lundi, une dizaine de présidents ou vice-présidents d'université (sur 83 au total) ont durci le ton, demandant au gouvernement, dans un appel solennel lancé à la Sorbonne, de "retirer ses projets de réforme controversés", réforme du statut de 1984 et réforme de la formation des enseignants.
Mercredi, Mme Pécresse reçoit la communauté universitaire pour bâtir une "charte de bonne conduite" de l'application du décret. La FSU a indiqué qu'elle ne rencontrerait pas la ministre.