Valérie Pécresse prévoit d'évaluer les enseignants-chercheurs tous les quatre ans
LE MONDE | 14.01.09 | 09h31 • Mis à jour le 14.01.09 | 09h39
La réforme du statut des enseignants-chercheurs va-t-elle enfin aboutir? Jeudi 15 janvier, la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, devrait présenter la dernière mouture d'un décret qui bouleverse la carrière des universitaires, régie par des textes qui n'avaient pas été modifiés depuis 1984. Les universités, désormais responsables de la gestion des carrières des personnels, pourront moduler le temps de service des enseignants entre enseignement, recherche, et tâches administratives. Un enseignant pourra donc faire davantage d'heures de cours si la qualité de ses recherches est jugée insuffisante. A l'inverse, un chercheur jugé excellent pourra être dispensé d'heures d'enseignement.
Autre nouveauté, les maîtres de conférence et les professeurs d'université seront évalués tous les quatre ans. Actuellement, ils ne le sont que lorsqu'ils demandent un changement de grade.
DOSSIER EXPLOSIF
Depuis sa présentation aux syndicats, ce texte de 42 articles, qui devrait entrer en vigueur au 1er novembre 2009, n'a cessé de susciter les inquiétudes de la communauté universitaire. Consciente du caractère explosif du dossier, la ministre a rédigé une nouvelle version qui devrait donner des gages aux opposants les plus modérés à la réforme. Sans calmer, en revanche, les critiques du syndicat majoritaire, le SNESUP-FSU, qui réclame le retrait du projet. Selon Jean Fabbri, son secrétaire général, une pétition en ce sens aurait déjà recueilli plus de 13000 signatures.
Sur la question de la modulation de service, le syndicat SGEN-CFDT et la Conférence des présidents d'université (CPU) devraient être rassurés. Ils s'inquiétaient du fait que l'enseignement puisse apparaître comme une sanction pour ceux considérés comme moins performants en recherche. La réécriture du décret devrait lever cette ambiguïté.
Autre point dénoncé par les syndicats, la toute puissance des présidents d'universités en matière de modulation de services et d'avancement. Ce sont eux en effet qui, après avis de leur conseil d'administration, fixeront les tâches des enseignants et décident des promotions. Actuellement, la moitié des promotions a lieu sur proposition du Conseil national des universités (CNU), une organisation où siègent de nombreux représentants syndicaux, et l'autre sur proposition du conseil d'administration de l'université. La nouvelle mouture prévoirait des garanties pour limiter ce sentiment d'arbitraire.
Déjà examiné par les instances consultatives, le décret devrait être présenté en Conseil d'Etat dans les prochains jours. Depuis près de dixans, les gouvernements successifs ont tenté, en vain, de réformer le statut des enseignants-chercheurs. La dernière tentative date de 2003. Le ministre de l'éducation de l'époque, Luc Ferry, avait chargé Bernard Belloc, alors professeur d'économie, de faire des propositions. Cet universitaire est aujourd'hui conseiller de Nicolas Sarkozy, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Catherine Rollot