Article paru dans Le Figaro
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/02/02/01016-20090202ARTFIG00567-appel-a-la-greve-illimitee-dans-les-universites-.php
Universités : Pécresse entend mener à bien sa réforme
Des enseignants de l'université d'Aix-Marseille votent la grèveFace à la grogne montante des enseignants-chercheurs dans les universités, la ministre de l'Enseignement supérieur propose d'élaborer une «charte de bonne application», mais assure que la réforme se fera.Fait inhabituel, la grève dans les universités est initiée cette fois-ci par des enseignants-chercheurs. La coordination nationale des universités, qui affirme regrouper 74 universités, écoles et instituts, a appelé lundi à une grève illimitée dans toutes facultés, ainsi qu'à une journée de manifestations en France jeudi 5 février et à une manifestation nationale à Paris le mardi 10. Objectif : obtenir le retrait d'un décret réformant le statut des enseignants-chercheurs, transmis vendredi au Conseil d'Etat, et obtenir le retrait de la réforme sur la formation des enseignants.
Interrogée sur Europe 1 mardi matin, la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse a assuré que la réforme sera menée à bien, tout en proposant de travailler sur une «charte de bonne application de ce texte». «Le Conseil national des universités qui représente tous les professeurs, les conférences de doyens, sont évidemment invités à participer. Je souhaite que les présidents donnent des garanties désormais», a-t-elle ajouté. «Le retrait serait un recul considérable pour tous les (enseignants)-chercheurs», a-t-elle encore affirmé quelques heures plus tard, lors d'une conférence de presse consacrée au plan de relance gouvernemental.
Lancer de chaussuresMardi, la mobilisation s'est poursuivie dans les universités. Le Snesup-FSU, principal syndicat de l'enseignement supérieur, classé à gauche, estime que «près d'un enseignement sur deux n'est pas assuré », comme la veille, jour de début du mouvement. Parmi les grévistes figurent notamment les professeurs de l'Institut d'études politique d'Aix en Provence, une première dans l'histoire de cet établissement créé en 1956. De nouvelles universités ont voté la grève mardi, comme Rennes I et Rennes II, de même que l'Institut d'études Politiques de Rennes (grève administrative) et l'INSA-Rennes. Selon Valérie Pécresse, les «perturbations sont encore sporadiques».
La contestation a pris parfois des formes originales et très à la mode : le lancer de chaussure. Une centaine d'enseignants-chercheurs, réunis à l'appel de «Sauvons la Recherche», se sont massés devant le ministère de l'Enseignement supérieur mardi midi pour lancer des chaussures à l'encontre du ministère. «Comme il n'y a aucune véritable discussion depuis des mois, voire des années, on s'est dit que la seule véritable réponse, c'était la savate», a ironisé Georges Debréjas, un responsable de «Sauvons la Recherche».
C'est la modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs, issue de la loi sur l'autonomie des universités (LRU), adoptée en août 2007, qui suscite le mécontentement. Les chercheurs fustigent «l'arbitraire des présidents d'université» qui ont davantage de pouvoir depuis la loi LRU, la hausse du nombre d'heures d'enseignement et l'atteinte à leur indépendance. La ministre Valérie Pécresse a cherché vendredi à les «rassurer» en apportant deux modifications à son projet, mais cela n'a convaincu les syndicats.
Les étudiants se rallient au mouvementL'avenir du mouvement dépendra peut-être des étudiants, dans une période où les examens s'achèvent et où il n'y a pas cours en raison du passage entre deux semestres. Selon le syndicat étudiant Unef, classé à gauche, 20.000 étudiants se sont déjà réunis lundi en AG, dont 3.000 à Toulouse, 2.000 à Rennes-II ou Bordeaux-III. D'autres devraient suivre dans la semaine. L'Unef compte faire soit du 5, soit du 10 février, une journée de mobilisation étudiante, dans le but de «faire converger les étudiants et les personnels des universités».